Les touristes visitant le Pérou sont amenés, à un moment ou un autre, à mâcher des feuilles de coca pour combattre « el soroche » le mal des montagnes. Peu d’entre eux y échappent. J’y ai eu droit … comme mes compagnons de voyage et j’ai pas mal écrit là-dessus dans différents articles de ce blog. (tout a commencé là) Je ne suis pas naïve au point d’ignorer le « côté sombre » de cette feuille de coca : le trafic de drogue. Mais là n’est pas mon propos. Je veux rester volontairement dans l’histoire (la petite et la grande) de cette plante - produit de consommation traditionnelle, - dont les feuilles, en boule dans ma joue, (la boule n'étant pas mastiquée mais chiquée comme du tabac pour en extraire le jus), m’ont quand même soulagée. Pour la petite histoire, on appelle les « mastiqueurs" des "coqueros". Observez la joue gonflée par la chique. L'autre façon d'en consommer est l'absorption de tisane de feuilles de coca, aux effets toutefois limités. DE LA COCA… Le cocaïer est un arbuste tropical qui pousse entre 700 et 1 800 mètres d'altitude en Amérique du sud - et notamment au Pérou - dans les régions tropicales humides. Il en existe environ deux cents espèces. Le cocaïer cultivé est un arbuste de 50 cm à 2 m de haut, à port ramifié. Il forme de petites fleurs blanches donnant des fruits (baies) rouges et est cultivé pour ses feuilles (coca). Les feuilles sont allongées, longues de 2 à 8 cm et comportent une zone elliptique caractéristique, l'area, délimitée par deux plis. Sa consommation : Les feuilles de coca sont consommées traditionnellement dans les Andes depuis la nuit des temps, probablement depuis au moins 5 000 ans. Elle joue un rôle important dans la culture andine, à travers ses utilisations rituelles ou médicinales. Les légendes incas attribuent l'origine de la coca au dieu Inti qui l'aurait créée pour apaiser la soif et la faim des Incas. Chez ces derniers, la coca était une plante divine et la feuille était le symbole de la divinité réservé aux personnes de très haut rang. L'usage s'en est ensuite répandu accéléré en cela par la conquête espagnole. "La mastication de la coca fut rapportée dès les premières explorations de l'Amérique, notamment par Amerigo Vespucci en 1507. Au milieu du seizième siècle, elle fut déclarée nécessaire au bien-être des Indiens par le roi d'Espagne, Philippe II, et les colons espagnols encouragèrent son usage, la fournissant aux Indiens pour augmenter le rendement du travail dans les mines des nouvelles colonies. Le clergé local prélevait même un impôt sur le commerce de la plante qui représentait d'ailleurs l'essentiel des revenus des évêchés de Cuzco et de Lima à la fin du seizième siècle. Bien que de la coca ait été envoyée de temps en temps en Europe, du dix-septième au dix-neuvième siècle, son usage resta très limité." Elle fut popularisée en Europe, d'abord par un essai publié par un neurologue italien, Paolo Mantegazza, en 1859, puis par un pharmacien corse, Angelo Mariani. En 1863, Angelo Mariani, alors préparateur de pharmacie, développe une boisson tonique, réalisée à partir de vin de Bordeaux et d'extrait de feuilles de coca. Connue comme « vin Mariani », elle est commercialisée à l'époque sous le nom de « Vin Tonique Mariani (à la Coca du Pérou) ». La boisson eut un énorme succès qui lui valut la célébrité dans toute l'Europe. Le Pape Léon XIII, en signe de son approbation officielle, lui décernera une médaille « spéciale » : le pape avait toujours une fiole avec lui en cas de nécessité. Drogue légale, elle contient entre 6 à 7 mg de cocaïne dans une bouteille. En France, la version cocaïnisée du vin Mariani sera autorisée jusqu'en 1910. Après la mort de Mariani en 1914, ses héritiers arrêteront la production du vin dans les années 1930. Il créent une nouvelle boisson appelée Tonique Mariani qui restera en vente dans les pharmacies jusqu'en 1963. Je me souviens, qu’enfant, ma grand’mère, très croyante et très pratiquante, m’envoyait à la pharmacie du coin acheter cet elixir alcoolisé, ce qui ne manquait pas de m’interroger. J’ignorais alors qu’elle avait la bénédiction papale !!!. ..... AU COCA COLA Cette boisson aurait inspiré la création en 1885 du docteur Pemberton, le "French Wine Coca" ancêtre du Coca-Cola qu'on connaît aujourd'hui sans alcool (à cause de la prohibition de 1886 dans l'État de Géorgie) et sans cocaïne (depuis 1906). Dans ce dernier, dont le brevet fut déposé en 1886 mais modifié ensuite, le vin était remplacé par un extrait de noix de cola puis l'eau plate par du soda. C'est un autre pharmacien, Asa Candler, qui racheta les droits en 1892 et fonda la Coca-Cola Company. Au début du vingtième siècle, les dangers de la cocaïne devenant de plus en plus documentés, l'alcaloïde fut retiré de la formulation du Coca-Cola dont la concentration en caféine fut augmentée. Des feuilles de coca, dont la cocaïne a été éliminée, continuent néanmoins à entrer dans sa fabrication. La composition exacte du Coca-Cola reste cependant toujours secrète. C’est pas sympa, ce "télescopage" de l’histoire !!! SOURCES : Wikipedia et http://www.didier-pol.net/8his-coc.htm |